Le sommet du mont Ventoux, c’est un paysage lunaire. Battu par le Mistral, la montagne la plus haute de Provence, surnommée le Mont Chauve, s’élève à 1929 mètres. Seul de Gynepria et le Pin à crochets pousse sur sa crête, dominée par des rochers et des graves. C’est sur ces pentes vertigineuses, bien avant que la végétation reprends le dessus sur la pierraille, que pendant des décennies se sont accumulés des déchets, vestiges de l’ancienne base militaire et des opérateurs historiques comme France Télécom et Télécommunication de France qui avaient colonisé le sommet.

L’ONF, qui gère ce site exceptionnel, classé Réserve Biologique Intégrale, a décidé de restituer cet endroit à son intégrité paysagère et naturelle, en organisant une opératioon d’évacuation et nettoyage du combe de Fanfiole. Pendant deux semaines, une équipe dédiée d’ouvriers a été mobilisée afin de collecter ces déchets, enfuis dans des zones reculés du mont Ventoux.

À l’aide d’un simple treuil, les ouvriers sont partis rechercher ces restes de ferrailles, la meuleuse à la main pour pouvoir le sectionner et les extraire des rochers qui les ont en partie ensevelies. Sur place, les déchets sont collectés dans des big bag. Les plus accessibles seront alors remonté par le treuil, après avoir libéré la trajectoire des gros rochers qui en empêcherait l’ascension. D’autres big-bag, bien trop loin du sommet pour pouvoir être extrait par treuil, seront alors évacuées par hélicoptère.

C’est pourquoi les ouvriers enregistrent les cordonnés GPS des big-bag, des épaves de voiture et d’autres déchets volumineux afin de préparer le terrain pour la dernière des opérations de ce chantier d’envergure.

L’hélicoptère, un Ecureuil 350 B3, un modèle puissant et agile, prends alors son envol le 5 octobre au matin. Assis à coté du pilote, Julien ISTRE lui indique tous les points de collecte de déchets pendant le tour de reconnaissance. Suivent les consignes de sécurité pour l’accrochage de déchets par élingues : “ On ne se positionne jamais en face de l’hélicoptère, on porte le vêtement intégral de sécurité, car les projections dues au vent peuvent être importantes. On communique par geste : quand vous allez être au-dessous de l’hélicoptère pour attacher les big-bag, la radiocommande ne sera d’aucune utilité. Le bruit et le vent rendront la communication impossible. C’est par le signe que je vais savoir ce que vous voulez m’indiquer “ conclu ce pilote expérimenté en travaux de levage.

Le briefing terminé, l’équipe des ouvriers de l’ONF s’achemine vers les points de collecte. Place en hauteur, au milieu et dans le fond du combe de Fonfiole, ils attendent l’arri­vée de l’ULM. On le voit suivre la crête, tourner au loin et se rapprocher rapidement. Les tours son cadencés au rythme de 4 minutes environ. L’épave de voiture, située long du sentier GR9, est la première à être évacuée par héliportage. Suivent une vingtaine de big-bag remplis de fils barbelé, boites et barils en metal, pneu et conteneurs en plastique. De l’autre coté de la falaise, les déchets sont déposés dans deux containers sous les yeux attentifs des partenaires de l’opération. Ludivine ROGLIANO, chargée de mission auprès de la Fondation du patrimoine, est ravie de l’issue de cette matinée : “ Le projet a été sélectionné par la commission du fond patrimoine naturel, pour plusieurs raisons. D’abord le caractère exceptionnel du site en lui-même, classé Natura 2000 ; ensuite pour l’envergure des déchets situés dans des endroits inaccessible et nécessitant l’évacuation par héliportage, ainsi que la valeur de cette opération en terme de sensibilisation du grand publique à la pollution.” Plus loin, Trentine Céline, Directrice de la Station du Mont Se­rein, assure la sécurité des lieux en informant les promeneurs de la fermeture exceptionnelle du sentier : “L’association de la Station du mont Serein a participé à l’opération en prêtant un soutien logistique, comme les postes radio, la fabrication d’élingues, et en mettant du personnel à disposition toute au long des opérations de nettoyage. Le but de notre association est en effet de préserver le site et accueillir le publique dans des bonnes conditions. Nous sommes très heureux de participer à ce nettoyage avec l’ONF “.

Après 3 heures d’ héliportage, le dernier big-bag est posé au sol. Olivier de la Prison, responsable de l’UT Mont Ventoux, peut enfin tirer un soupire de soulagement. Ce projet, commencé il y a maintenant 4 ans avec la découverte inattendue des déchets volumineux sur la combe de Fonfiole, est enfin terminé. L’opération d’héliportage, c’est conclu sans encombre. Les ouvriers ont parfaitement accompli leur dure tâche, et la coordination de l’équipe toute entière a était sans faille.

Le réserve biologique intégrale du Ventoux est enfin dépollué des déchets de décennies passées. Elle a retrouvé son intégrité paysagère et sa vocation de conservation d’espèces et d’habitats remarquables.